Miser sur le capital humain

Orienter les travailleurs et les demandeurs d’emploi

  • Orienter de manière plus incitative vers les filières de formation et d’enseignement correspondant aux métiers en grande demande structurelle et en émergence (voir notamment les analyses de l’AMEF/FOREM ainsi que des organismes de recrutement publics et privés, des associations d’entreprises), via des mécanismes financiers (bonus de financement au bénéfice desdites filières, réduction ou suppression des droits d’inscription, …) ou via des mécanismes de régulation par quota ou via tout autre mécanisme ;
  • Implémenter un parcours d’orientation vers les options et métiers, en soutien d’un accrochage scolaire en 2e et 3e année du secondaire, en anticipation de la réforme du tronc commun ; ce processus se réalisera notamment via une information pertinente relative aux métiers en demande et en émergence, en collaboration avec les entreprises, secteurs professionnels et les organismes spécialisés. Cette dimension de l’orientation positive et de l’information sur les métiers doit faire partie du plan de pilotage de chaque établissement scolaire et de la formation continue des enseignants ;
  • Prévoir, en dernière année d’enseignement qualifiant, un accompagnement à l’insertion dans l’emploi afin de lutter contre la perte de talents et d’assurer une transition la plus directe et qualitative possible entre l’enseignement qualifiant et les emplois correspondants. Cet accompagnement gagnerait à être intégré dans les objectifs de l’école, à être soutenu par les secteurs et les entreprises et être mis en œuvre en articulation et avec le support des Cités des Métiers. Il est également essentiel de réaliser ce travail d’accompagnement dans l’enseignement général pour assurer une transition vers les filières de formation et études supérieures, en continuité entre l’enseignement obligatoire et l’enseignement supérieur, en particulier en valorisant les filières STEM.

Former tout au long de la vie

Booster la formation tout au long de la vie

Booster la formation tout au long de la vie en suscitant une culture de l’apprentissage, en vue de rattraper le retard de la Wallonie :

  • Octroyer à toute personne ou entreprise qui recourt à l’un des dispositifs wallons de subsidiation de la formation, le droit à un nombre équivalent à la moitié des heures de formation achetées, dans les douze mois qui suivent l’achèvement de cette formation. L’utilisation de ce bonus se ferait en tenant compte des besoins en compétences du marché du travail ;
  • Prévoir une intervention forfaitaire à la formation à destination du particulier lorsque ce dernier s’engage dans un dispositif de formation non subsidié ;
  • Négocier avec le fédéral une révision de la fiscalité de la formation professionnelle et en prévoir la déductibilité à 200%.

Encourager le développement de l’alternance

Encourager le développement de l’alternance comme pratique d’excellence d’enseignement et de formation, partout où c’est possible et nécessaire, suivant une approche filière par filière, métier par métier. Il s’agit notamment de :

  • Construire, selon les spécificités des métiers et des filières, un rythme et un mode d’alternance innovant en vue d’une acquisition optimale des compétences ; par exemple, proposer une année de perfectionnement en alternance à l’issue d’un cursus d’enseignement qualifiant pour répondre aux prescrits du profil métier tel que défini par le Service Francophone des Métiers et Qualification (SFMQ) et nécessitant un complément de formation ; analyser également l’opportunité de basculer des filières de plein exercice en filières d’alternance ;
  • Prévoir un service (au sein de l’ARES par exemple) pour la promotion et la gestion de l’enseignement supérieur en alternance : cadastre, chiffres, convention, mais aussi analyse des besoins et opportunités de l’alternance pour de nouvelles filières ou pour la transformation de filières de plein exercice en alternance ;
  • Mettre en œuvre des pratiques innovantes de type « formation triale » (écoles, entreprises, centres de compétences ou centres de technologies avancées). Les collaborations renforcées entre Fédération Wallonie-Bruxelles et Régions doivent faire l’objet de financements spécifiques suffisants pour soutenir ces innovations pédagogiques (adaptation et renouvellement de l’accord de coopération).

Renforcer les compétences-métiers des enseignants et le partenariat avec le monde de l’entreprise

  • Prévoir dans la formation continue des enseignants du qualifiant un passage systématique en entreprise (au sens large) tel que préconisé par le Pacte pour un enseignement d’excellence (voir avis n°3 du Pacte évoquant un retour cyclique tous les 3 à 5 ans). Il en va de même pour l’enseignement supérieur à finalité professionnelle.

Encourager la mobilité des professionnels enseignement - formation - entreprise

  • Dans la logique d’un parcours vers une réorientation partant d’une démarche positive, mettre en évidence et encourager les possibilités de reconversions et de formations de l’entreprise vers l’enseignement en donnant au travailleur l’accompagnement nécessaire à cette mobilité. Considérer cette perspective comme une opportunité, prioritairement lors de restructurations ainsi que pour les professionnels en fin de carrière ;
  • Favoriser les carrières mixtes impliquant deux contrats de travail simultanés ou successifs dans des régimes différents (public, privé,…). La réglementation en matière de droit du travail doit être adaptée en ce sens en favorisant l’émergence de droits semblables et supprimant toutes les pertes de droits liées à ces changements de statut. Valoriser les années d’expérience acquises hors enseignement pour l’ensemble des enseignants, en levant les restrictions actuelles pour le qualifiant et en l’instaurant dans le général ;
  • Prévoir un processus accéléré et adapté de formation innovante et de reconnaissance pédagogique harmonisées pour l’enseignement et la formation professionnelle facilitant l’accès de professionnels issus des entreprises à des prestations comme enseignants ou formateurs.

Organiser la flexibilité dans le parcours de formation

  • Convertir les formations en modules d’apprentissage permettant aux apprenants qui n’ont pas terminé leur cycle d’études de reprendre plus tard les modules manquants en vue d’atteindre au final l’ensemble des compétences prévues dans le profil métier. Cette offre modulaire de formations doit s’inscrire dans une approche couvrant l’ensemble des opérateurs de formation professionnelle en Wallonie.

Insérer

  • Mettre en œuvre le chèque formation carrière prévu dans la Déclaration de Politique Régionale permettant « d’accompagner et d’orienter les travailleurs désirant améliorer leurs compétences professionnelles ou réorienter leur carrière, prioritairement vers les métiers en pénurie ou les métiers d’avenir, mais également ceux qui perdent leur emploi ». S’inspirer en l’occurrence des dispositifs existants dans d’autres régions afin de susciter une culture de l’apprentissage dans le chef du travailleur en amenant à faire évaluer, librement, ses compétences professionnelles, tous les 6 ans, par un partenaire de son choix sur base d’un chèque financé pour moitié par la Région et par le travailleur lui-même pour le solde. Ce chèque offrira 7 heures d’accompagnement réparties en 4 heures d’analyse et 3 heures d’identification des pistes de remédiations possibles et de définition de parcours. Les opérateurs reconnus dans le cadre du chèque devront disposer des compétences ad hoc avérées, telles celles des opérateurs reconnus dans le cadre du décret wallon du 3 avril 2009 relatif à l'enregistrement ou à l'agrément des agences de placement ;
  • Faciliter l’accès aux agréments sécurité de base et sectoriels pour l’ensemble des apprenants en fin de formation initiale en vue d’accélérer leur insertion professionnelle. Dans cette perspective, inclure systématiquement ces attendus dans les profils de certification de l’enseignement, lorsque cela est souhaitable, et prévoir les budgets permettant de généraliser l’accès à ces formations agréées, ainsi que développer une politique incitative afin d’assurer une participation optimale des élèves et des enseignants ;
  • Profiter des périodes de suspension de contrat de travail en entreprise (chômage économique, chômage intempérie sectoriel, chômage corona …) pour permettre à l’entreprise de mettre en œuvre une partie de son plan de formation (upskilling ou reskilling). Dans ce contexte, aider l’entreprise afin de réduire les coûts liés à la formation par la mise en place de mécanismes de soutien, par exemple en permettant au travailleur de bénéficier de l’allocation de chômage en cas de suspension du contrat de travail, d’une prime complémentaire à la formation et d’une intervention financière dans les frais de formation pour l’entreprise ou dans une meilleure fiscalité de la formation.

Digital skills et digital learning

  • Accélérer la mise en œuvre de la « Stratégie numérique pour l’éducation » en Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi que des recommandations de Digital Wallonia (Agence du Numérique) en particulier en considérant les impératifs de l’hybridation des apprentissages résultant de la crise sanitaire ;
  • Généraliser une connectivité haut débit ainsi qu’une couverture suffisante à l’intérieur des bâtiments pour tous les établissements scolaires (et/ou de lieux relais pouvant le cas échéant accueillir des élèves ne disposant pas d’espace/équipements à domicile), permettant ainsi d’activer le digital learning ;
  • Garantir un équipement numérique en faveur des enseignants et des élèves, adapté aux défis pédagogiques. Une coordination entre les différents niveaux de pouvoir doit être recherchée en matière de politiques de soutien au numérique scolaire (collaboration entre la Fédération Wallonie-Bruxelles et les Régions). Coordonner les initiatives visant la mise à disposition d’équipements et de ressources numériques issus des entreprises au profit des établissements d’enseignement obligatoire et supérieur. Une stratégie numérique doit obligatoirement intégrer tous les plans de pilotage des établissements scolaires (e.a. considérant les urgences mises en évidence par la crise sanitaire Covid-19) ;
  • Mettre en œuvre une stratégie de formation massive des enseignants et d’accompagnement à l’utilisation des outils numériques à finalité pédagogique, dans le cadre de la communication avec les élèves, mais également dans le cadre des matières elles-mêmes ;
  • Dans ce cadre, soutenir les pratiques pédagogiques collaboratives basées sur le digital learning en partenariat avec les entreprises, fournisseurs et secteurs professionnels spécialisés ; développer le projet « e-Classe » comme le centre de référence en matière de contenu digital à destination des enseignants, des professeurs et des formateurs ;
  • Proposer de tester les compétences digitales des enseignants via l’outil de scanning de compétences digitales élaboré par l’Agence du Numérique et le Forem dans un objectif d’auto-positionnement et dans une perspective de formations modulaires ;
  • Inscrire cet investissement dans la formation digitale des enseignants en s’appuyant sur la mobilisation des Centres de compétences et des ASBL impliqués dans l’éducation digitale. Ces programmes doivent en outre s’intégrer dans les catalogues de formation continue de l’enseignement.